Tête relevée, je suis un sentier, sur lequel chaque pas s’imprègne d’une terre féconde, liée par la sève et les racines. Je suis de cette vie, l'autre, que peu de personnes voient. Une brindille dans la tempête, une étincelle sous le soleil, une goutte de météorites, le fruit d’un blé mûri, je suis partout, scarabée sacré, au milieu d’un univers parsemé d’âmes. Si petite et si grande, parfois si vieille et terriblement enfantine, la femme blessée, l’homme à terre, l’enfant privé d’amour qui se sont réparés, je suis celle qui a confiance jusqu’à son dernier souffle. En ma vie. Energie simple, aimante, passante d’un chemin, où le regard joint la terre au ciel pour y puiser son eau. J’ai soif.
J’ai quitté le cimetière où tu aimais séjourner, lasse, je n'y avais pas d'avenir tant il me restait d’air à inspirer... Posée là, je ne t’y voyais rien reconstruire, simplement pleurer sur des pierres spongieuses, le cœur en ruine, brutal, occupé à compter les os des squelettes que tu avais amassés. Et leurs dents.
Je suis partie. Marcher.
j’ai ri de mes orteils dépassant de mes sandales tachées, pleins de la terre, de la sève et des racines emmêlées Et j’ai marché jusqu’à oublier de ne regarder que mes pieds... et j’ai marché jusqu’à sentir un air si grand si doux si amoureux, que j’en ai rougi de plaisir…
Statuette argile rouge. Hauteur 40 cm.