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7 décembre 2014 7 07 /12 /décembre /2014 14:07

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Au creux de ma paume, j’ai souvent recueilli un breuvage, des gouttes de ciel, lorsqu’un morceau de ma vie, ici, là, était mal passé, lorsqu’une tristesse me restait en travers de la gorge. Imbibant mes yeux, elles savaient nettoyer mon regard troublé ; de deux battements, je les laissais suivre les rigoles de mes joues creusées jusqu’au vide. Goutte à goutte. Pour qu’ elles tombent dans un réceptacle. Bouteille, carafe, vase, cruche, outre, gourde, qu’importe. De ces émotions en bancs, habitant mes océans intérieurs, j’en ai tiré du merveilleux. J’ai appris  à danser sous les orages de doutes, j’ai appris à respirer sous des torrents de bitume puants, j’ai appris à me laver sous les gouttières dézinguées. Enfin, j’ai appris  à rire d’être ainsi éclaboussée. Car je ne suis qu’une enfant, comme vous. Baignée d’eau. A qui il reste la joie.

J’ai bu, je bois et je boirai encore, pour ma survie. Et quand je n’aurai plus soif, l’eau de mes mains rejoindra le sol pour qu’il s’en nourrisse.

J’aime les paumes ouvertes. Je prends, je donne, j’ai soif d’échanges autour de moi. Mais, lorsqu’au crépuscule, les feuilles mortes suivent le mouvement du vent, tombant le long des sentiers mal éclairés, lorsque je glisse sur des tapis d’humus mordorés, croisant des pauvres hères qui se disent manchots : «Moi aussi je pleure, car je ne peux donner ce que j’ai, voyez ! Je ne peux même pas vous aider à vous relever !» là je ne peux rien faire, sinon les regarder s’éloigner, baignés des lumières artificielles des lampadaires transpirants…Ce que je sais seulement, c’est, qu’après  leur mort, ils donneront tout de même un peu de d’eux-mêmes : un peu d’engrais à notre chère terre.

Mais qu’importe. Les paumes jointes, je continuerai à pleurer. Pleurer sur nos tristesses pour qu’elles fondent au soleil, que les ombres s’estompent. Pleurer pour célébrer la joie naissante. Et l’aurore de l’amour sous la rosée. Chaque main tendue est une source.

 

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